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Journal de bord : 4 jours en voilier à la découverte des îles du Morbihan
La Bretagne vue de l’océan. Cet été, nous avons quitté la terre ferme pour découvrir les îles du sud du Morbihan à bord d’un voilier, première expérience en mer pour moi. Au programme, 4 jours à base de navigations ensoleillées, d’apprentissages des nœuds, de vaisselles marines, de nuits bercées par la houle, de mal de mer (un peu) et d’apéros sur les îles (beaucoup). Récit de notre épopée marine dans cet article.
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Et si pour poser un œil nouveau sur une région, il suffisait de changer de point de vue ? Nous qui commencions à connaître le sud de Bretagne, nous avons décidé de la redécouvrir pendant 4 jours depuis l’eau, à bord d’un petit voilier de 8 mètres de long, l’occasion de longer les côtes, profiter des îles et goûter à la lenteur.
Pour une fois, nous n’avons pas de programme préétabli. Nous savons à peine à quelle heure nous retrouverons le propriétaire du bateau que nous aurons pour ces 4 jours. Pour la suite, le vent décidera pour nous. Partir à la voile, c’est embrasser l’imprévu.
À notre bord : Etienne, passionné de la voile qui sera notre skipper (c’est-à-dire qu’il endossera le rôle de capitaine), Jules pour qui ce sera la deuxième nav’, comme on dit dans le milieu, et moi tout à fait néophyte de l’océan.
Avec cet article, j’inaugure une nouvelle catégorie sur le blog dédiée aux récits de voyage. L’idée ici n’est pas de vous donner un manuel pour visiter une région comme dans les articles guides, mais plutôt de chatouiller votre envie d’aventure, poser un regard nouveau sur le voyage et montrer qu’avec un peu de créativité on peut s’émerveiller dans des territoires connus.
Jour n°1 : Cap sur l’Île de Houat
10 miles | 2 nœuds/heure
Lever à 7h du matin pour rejoindre les pontons du port du Crouesty où dorment près de 1400 bateaux. On marche jusqu’au quai H les yeux encore embués pour retrouver le bateau que nous louons, un Aquila de 8 mètres.
Le propriétaire arrive pour nous faire un tour de présentation du navire. Cabines, voiles, toilettes marines où la grosse commission est interdite, moteur flambant neuf encore en rodage (c’est-à-dire qu’on ne peut pas aller à trop grande vitesse sur ces premiers mois), radios, etc. il entame une présentation minutieuse des spécificités de son bateau qu’Etienne est le seul parmi nous à comprendre.
Nous décidons avec Jules d’arrêter de faire semblant de piger ce qui s’apparente à un véritable langage marin pour partir vers le supermarché faire le plein avant notre expédition en mer. “Je pense qu’il faut un quatrième pain”. “Ça serait pas mal un kouign-amann ?” “Tu penses que ça suffit deux packs d’eau ?” “Et du coup, on fait quoi pour le kouign-amann ?”. Nous ressortons chargés pour vivre en autonomie pendant nos 4 jours d’aventure. Heureusement, une brouette du port est disponible devant le supermarché, on n’aura pas besoin de tout porter à bout de bras.
De retour au bateau, le brief est terminé. C’est donc l’heure de partir pour la première traversée et de prendre notre premier comprimé de Mercalm, notre allié contre le mal de mer. Rapide check météo : le soleil sera de la partie pour tout le séjour, le vent quant à lui sera présent par intermittence.
Notre capitaine nous donne les premiers ordres : retirer les amarres, détacher les défenses qui protègent la coque du bateau pour éviter les coups quand on est au port, … Nous passons les bouées verte et rouge qui marquent la sortie du port et avançons pour nous mettre face au vent. C’est le moment de hiiiiisser la grand voile, et de glisser sous … On trouve notre cap vers l’île de Houat. Le vent est calme, trop calme. Moi qui avais peur d’avoir trop de sensation forte, me voilà rassurée. Notre bateau se traîne sous le soleil écrasant d’août. Nous mettrons 5 heures pour faire environ 10 miles, soit 16 km.
Pour cette première nuit, nous décidons d’être au mouillage (c’est-à-dire d’être à l’ancre) à l’est de l’île de Houat. Autour de nous près d’une centaine de bateaux ont également jeté l’ancre. Zut, nous ne sommes pas les seuls à avoir eu cette idée.
C’est l’heure d’aller se dégourdir les jambes sur les sentiers de randonnée et plages de sable fin de Houat. On descend pour la première fois notre annexe qui semble prendre l’eau : les garçons ont les baskets trempées en arrivant sur la plage – quelle belle idée j’ai eu d’avoir mis des claquettes ! Un grand tour et un soda bien frais plus tard, on retourne sur notre navire pour le dîner. À la nuit tombée, les feux de mouillage des bateaux ressemblent à autant d’étoiles au-dessus de l’eau.
Jour n°2 : Cap sur Belle-Île-en-Mer
15 miles | 3,5 noeuds/heure
Petits yeux au petit déjeuner : les deux garçons ont bien dormi mais de mon côté j’ai eu du mal à ne pas m’inquiéter au moindre bruit. Nous partons tôt pour rejoindre la reine des îles bretonnes : Belle-Île-en-Mer. Les écoutes, les drisses, les amarres, … je commence à me familiariser doucement avec le vocabulaire marin, bien que parfois dans les moments où il faut aller vite, il y ait encore quelques cafouillages. Le vent est calme, on a le temps de faire des roulements de sieste, le visage caché sous un t-shirt.
Nous arrivons vers 16h au charmant port de Sauzon, à l’ouest de Belle-Île. Nous sommes en plein été : cela se bouscule pour trouver une bouée ou un bateau pour se mettre « à couple » sans gêner le passage dans le port.
Une fois installé, nous pagayons les quelques mètres qui nous séparent du sol. Le diagnostic tombe : notre annexe prend bien l’eau. Peu importe qu’on soit mouillé, être au port signifie justement pouvoir s’offrir le luxe d’une douche ! Une fois propre, on se balade dans le village. Impossible de trouver une crêperie sans avoir réservé, ce sera donc crêpe à emporter. Une dernière marche le long des quais puis on regagne notre bateau pour le dîner et nous délectons plus des lumières chaudes du soir que de notre plâtrée de pâtes.
Jour n°3 : Cap sur l’Île de Groix
20 miles | 3 nœuds/heure
Se lever, refaire le lit, chauffer de l’eau pour le thé : vivre sur l’eau n’est en fin de compte pas si différent de la vie classique ! Une belle trotte nous attend pour relier le nord de Belle-Île à l’île de Groix. Le vent est faible, on sera obligé d’allumer le moteur sur une partie de la traversée. C’est l’occasion d’en profiter pour faire une sieste de 5 minutes qui se transforme en un somme d’une heure et demie.
Le vent tourne, il faut changer faire un virement de bord. Lofer doucement, choquer en grand le génois dès que l’on a passé le lit du vent, reprendre la contre-écoute de génois du côté opposé pendant que la grand voile bascule : c‘est donc cela naviguer à la voile, une alternance de moments calmes avec des instants agités, anticipés par le capitaine qui a dit précisément à chacun quoi faire quelques minutes en amont, quelles cordes tirer et quelle direction prendre.
On arrive au port de Locmaria. On s’engage pour se mettre à l’avant-port. “On risque de talonner”. Notre skipper remarque que le sondeur affiche 2 mètres de fond et la marée descend encore. Après quelques minutes de flottement, on décide d’aller jeter l’ancre quelques centaines de mètres plus loin près d’une petite crique où nous serons seuls. On compte le nombre de mètres d’ancre qu’il faut laisser : ni trop pour ne pas dériver, ni pas assez pour être sûr que notre ancre touche le fond.
Un éclair de génie nous permet d’identifier pourquoi notre annexe prend l’eau depuis le début : une valve était mal fermée. On descend notre embarcation qui flotte désormais fièrement pour rejoindre l’île. Il faudra faire attention pour échouer sur la plage : de nombreux rochers compliquent l’accès.
La chaleur nous assomme sur l’île de Groix. On prend un petit chemin de randonnée qui serpente dans une végétation brûlée par le soleil jusqu’à la plage à Locmaria. A peine arrivés, nous nous arrêtons prendre une boisson fraîche au premier café restaurant que nous croisons. On y reviendra quelques minutes après l’avoir quitté et fait le tour du village pour prendre une glace. Nous faisons le chemin en sens inverse pour rejoindre notre maison flottante et passer déjà la dernière nuit en mer. Finalement, les plaisirs à la voile sont simples : manger, regarder l’horizon, marcher quand on est sur la terre ferme, prendre un verre et dormir.
Jour n°4 : Retour à Arzon
30 miles | 3 nœuds/heure
5h50 : le réveil sonne bien tôt ce matin. La plus longue traversée du séjour nous attend : minimum 6 heures pour rejoindre le port d’Arzon, avec la pression d’un train qui nous attend pour rentrer. On lève l’ancre alors que les premiers rayons de soleil émergent derrière Groix. Cap sud-est. Le vent nous souffle dans le dos : c’est le moment de lâcher le spi.
Notre capitaine s’affaire à installer cette voile qui a la particularité d’être très lâche pour prendre le plus de vent. Accessoirement, la nôtre est rose vif et on se dit qu’on doit avoir fière allure vu de l’extérieur du bateau.
Après avoir aperçu au loin Lorient, on navigue plus proche de la côte de Quiberon ce qui nous permet de distinguer les grandes maisons du port. Le vent souffle bien et pour la première fois du voyage la barre est dure à manier. On avance à bonne vitesse pour une courte durée : à peine après avoir passé le phare de la Teignouse, le vent tombe et nous devons rallumer le moteur. On arrivera à petite vitesse à Arzon après plus de 9 heures de navigation.
Pause station essence dans le port, garage du bateau à quais puis ménage : il est déjà temps de rendre les clefs de notre navire à son propriétaire. Notre skipper, non mécontent d’avoir fini les manœuvres dans le port, pose des questions techniques au propriétaire. On ne sait jamais, des fois que l’envie d’acheter un jour un bateau nous prendrait.
Organiser son premier séjour à la voile
Equipement
- Veste et sur-pantalon imperméables : indispensable en navigation. Cela se trouve en rayon voile ou vélo dans les magasins d’équipement sportif
- Chaussures qui ne craignent pas trop l’eau : de type chaussure de sport. Vous pouvez doubler d’une paire de chaussures de randonnée au cas où la première paire est un peu mouillée et pour prévoir pour les balades
- T-shirt technique chaud, legging ou pantalon lycra : à mettre sous les vêtements en cas de temps frais ou pour dormir
- Pulls chauds : de type polaire
- Casquette, lunettes de soleil et beaucoup de crème solaire : incontournable pour se protéger du soleil
- Une boîte de Mercalm : pour prévenir le mal de mer
- Sac de couchage : chaud de préférence, les nuits étant fraîches en mer
- Gants et bonnet : surtout utiles hors saison estivale
Liens utiles pour organiser un premier séjour à la voile
- La bourse aux équipiers qui met en relation les propriétaires de bateau à la recherche d’un équipage avec les personnes qui souhaitent un embarquement
- Chilowe qui organise des séjours en petit comité à la voile
- L’école des Glénans qui organise des stages de formation d’initiation ou de perfectionnement
On espère que ce premier récit de voyage vous aura donné envie de prendre le large !
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À très vite,
Clara
Très joli récit qui donne envie de prendre la voile !
Est-ce que les médicaments ont été suffisants pour vaincre le mal de mer ?
Oh merci beaucoup Alice 🙂 Alors oui c’était suffisant mais le temps était calme (donc pas trop de vagues). A tester sur une navigation plus sportive 😉
Good morning Clara,
Like you suggested in one of my last commentaries , today I speak english ! That to improve my knowledge in this language. I only try because I have forgotten many words and also many grammar rules since I left school !
I congratulate all the team for this first travel in a ship. I think that is the most difficult. Yes you are beginners, but you made the job like professionals ! I wish you another travels will follow in future.