Retour sur le premier livre de David Lopez paru en septembre dernier. Fief nous plonge dans le quotidien d’une bande d’amis qui vivent à mi-chemin entre la banlieue et la ville. Une réflexion à la fois sur les aspirations de ces jeunes et également sur le langage, fil rouge de ce roman.
« Si je ne vaux pas un clou, je suis quand même celui du spectacle ».
Jonas et sa bande de potes habitent à mi-chemin entre la ville et la banlieue. Leur vie est rythmée par la boxe, les soirées, l’alcool, les joints et les filles. Ce qui les différencie, c’est le langage. Quand d’un côté Lahuiss organise une dictée avec un passage de Voyage au bout de la nuit, Ixe, lui, brille par ses spectaculaires fautes d’orthographe. Mais ce qui les rassemble, c’est le langage. Leur façon directe de s’exprimer entre eux ponctuée de « wesh », « gros » et « bien ou quoi ». Ou bien encore leur envie de transcender ce qu’ils vivent par les mots comme Poto qui sème dans ses raps l’expression de sa douleur ou Jonas qui, à travers la voix de son auteur, nous offre une vision presque poétique sur cette vie.
Ici, on ne parle pas de travail, pas d’ambition, pas tellement de l’avenir en général. La seule perspective pour Jonas est de prendre sa revanche sur Kerbachi lors d’un combat de boxe. Ce qui fait la force de ce livre est que ce manque de perspectives laisse apparaître le long du roman des sursauts d’espoir et que l’on ne plonge pas dans le pathos. Bien que l’on n’ait pas nécessairement beaucoup de points communs avec les personnages, on s’y attache rapidement et se laisse prendre dans leur quotidien. Même si cela lui a été parfois reproché, j’ai énormément accroché au style d’écriture soigné et rempli de jeux de mots de David Lopez. Un vrai coup de cœur !
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